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Quand le Grand Palais accueille la « Minimenta »

8 Fév

La France en relief, Chefs-d’oeuvre de la collection des plans-reliefs de Louis XIV à Napoléon III, Grand Palais, Nef, 18 janvier 2012 – 17 février 2012

par Grégoire.

C’est vrai que l’affiche n’a rien d’alléchant. C’est vrai que les maquettes, ça fait nerd. C’est vrai que la verrière du Grand Palais par un temps pareil, ça fait peur. C’est vrai que ce n’est pas l’expo du début d’année. Mais bon, malgré tout ça, lecteurs, j’ai choisi de vous inciter à y aller. Laissez-moi vous en parler.  

A peine entré, je suis, comme à chaque fois, frappé par l’immensité du lieu et par sa neutralité, propice au développement de grandes installations. Je me rappelle Boltanski, Anish Kapoor. Cette verrière est vraiment un lieu formidable, privilégié. Bref, après ces petites émotions, et accompagné de votre très cher et mystérieux Lulu (non je n’étais pas seul, car je n’aurais certainement pas pu trouver en moi suffisament de motivation pour m’y rendre), je réalise qu’aucun parcours ne semble clairement défini. Remarque, ce n’est pas grave : ce grand espace est propice à une déambulation aléatoire, et nous allons là où nous voulons aller, sans aucune contrainte. Quelques panneaux explicatifs fournissent des renseignements intéressants, et ils ne sont pas trop abondants. Ça tombe à pic : le froid m’empêche de stagner, et mon esprit commence à geler.

L’exposition propose une série de plans-reliefs utiles pour des questions de stratégie militaire. Les pièces furent créées dès 1668 sous Louis XIV, et complétées jusqu’en 1873.  Mais cette question semble placée au second plan : on cherche aussi à nous transmettre l’idée du prestige, de la grandeur d’une France conquérante, et les maquettes étaient d’ailleurs présentées dans la Galerie du Bord de l’Eau (actuelle Grande Galerie du Louvre) jusqu’en 1777.

Très vite, je me sens moins attiré par ces thématiques, et plutôt happé par la fantastique habileté technique qui a été nécessaire à la réalisation de ces maquettes. Regardez donc l’image ci-dessus : sans la trace des vitrines, ne dirait-on pas qu’il s’agit d’une vue aérienne par beau temps ? A quoi bon lire certains textes, quand on présente des oeuvres (osons les appeler ainsi) d’une aussi grande taille ? Elles s’imposent à nous, envahissent l’espace. Cet effet est aussi très bien créé par une série de miroirs obliques qui distordent l’espace, le dilatent, tout en permettant au visiteur d’avoir une vue d’ensemble de chaque maquette. 

L’ensemble de l’expo est organisé autour d’une carte de France de 650 m². Certaines maquettes, je pense à Cherbourg et Brest, sont gigantesques, mais on peut les observer sans problème grâce à un parcours en hauteur et quelques petits télescopes qui sont pointés sur certains détails (mais qui ne marchent pas toujours). 

Enfin, plusieurs installations « technologiques » ponctuent l’exposition. Deux espaces immersifs développés par Google Earth (Liquid Galaxy) vous proposent de voyager sur Terre, en proposant des plans et des photos aériennes à 360°. L’utilisateur est devant un écran tactile et un joystick, et tout autour de lui sont disposés de nombreux écrans. L’effet est scotchant et très réussi, même s’il demande certainement encore quelques améliorations. Une autre installation permet aux visiteurs d’intégrer leur image dans un plan en relief, par le biais d’un système de caméras, de fond bleu, et de vidéo-projection. Chacun pourra alors se sentir comme Gulliver. Et peut être, passer pour un con. A voir

Liquid Galaxy de Google Earth

Alors voila, pour conclure, ce n’est pas une exposition de malade, mais elle vaut le coup. Rien que pour l’effet créé par les miroirs et les photos que l’on peut faire. Bravez le froid, serrez vos écharpes, enfilez vos gants. Vous ressentirez cette étrange et paradoxale sensation d’avoir été submergé par des réductions. Prélude conscient ou inconscient à la Monumenta, cette exposition fait son effet. 

Pour aller plus loin : 

La collection du musée des Plans-reliefs compte plus de cent maquettes. Seize d’entre elles, parmi les plus spectaculaires – celle de Cherbourg s’étend à elle seule sur 160 m² –, seront exposées sous la Nef du Grand Palais. Ces objets illustrent l’évolution des frontières au cours de l’histoire. Certaines villes exposées, comme Berg-op-Zoom ou Exilles, furent françaises et sont aujourd’hui néerlandaise et italienne. D’autres, étrangères par le passé, comme Saint-Omer ou Besançon, sont devenues françaises. En outre, chaque plan-relief sera mis en valeur sous un angle particulier : histoire de la construction et de l’urbanisme, histoire des techniques de siège et de l’art de la guerre, histoire de la ville et de la province, histoire de l’environnement… La maquette de Brest, achevée en 1811, montre le « vieux Brest » disparu au cours des bombardements de la Seconde Guerre mondiale et sera comparée à des vues contemporaines. Ces approches seront accompagnées par des dispositifs interactifs et immersifs associant documents audiovisuels, supports multimédias et écrans tactiles.

La scénographie tirera pleinement profit du volume de la nef du Grand Palais et, grâce à une configuration originale, permettra au public de découvrir de près les maquettes. Pour inscrire les sites dans le territoire français, les plans-reliefsseront présentés autour de l’impression au sol d’une carte deFrance d’une superficie de 650 m².

Cette exposition est la première réalisée par la Maison de l’histoire de France avec le concours de la Rmn–Grand Palais et le partenariat scientifique du musée des Plans-reliefs. Elle s’inscrit dans la mission première de la Maison de l’histoire deFrance qui est de porter à la connaissance d’un large public le patrimoine historique français.

(source : http://www.rmn.fr/la-france-en-relief)