Fichés : La parano s’invite aux Archives Nationales !

14 Déc

Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60, Archives Nationales, Hôtel de Soubise, 28 septembre – 26 Décembre.

par Lulu.

Que faire un samedi après-midi après un cours au centre Pompidou qui se termine à 13h30 (et oui ça arrive) ? Après mûre réflexion, je décide de me diriger vers les Archives Nationales qui présentent depuis le mois de septembre une exposition de photo qui pose une question simple : Fichés ?

Sujet ma foi intéressant. Dans le monde actuel toujours plus connecté et où l’on a sans cesse besoin d’un identifiant (internet, Facebook, messagerie…), on est finalement tous fichés dans une sphère virtuelle que l’on a du mal à maitriser et qui nous dépasse parfois : tapez simplement votre nom sur Google… (Suspens !). Alors bon on ne va pas non plus s’emballer, mais à priori la question soulevée semble d’actualité même si l’expo retrace son parcours sur une centaine d’années.

Si l’affiche de l’exposition nous en dit finalement peu, on est vite mis au parfum dès l’entrée avec un bref rappel des méthodes de fichage avant l’utilisation de la photographie (qui rappelons-le n’est dévoilée qu’en 1839). Après une diffusion rapide, il ne lui faut qu’une dizaine d’année pour « investir le champ de l’investigation » avec notamment le fichage des criminels de son temps.

De là commence un parcours chronologique qui ne va laisser de coté aucun aspect du thème abordé, et qui suit les aléas politiques et historiques que subit la France (La Commune, IIIème République, 1ère Guerre Mondiale, entre-deux-guerres, 2ème Guerre Mondiale…). En effet le fichage est surtout l’apanage du pouvoir en place, quel qu’il soit. A cela s’ajoute dans chaque section un parcours thématique qui évoque aussi bien les grands bandits et criminels comme Landru, Ravachol ou encore la Bande à Bonnot (pas celle de U2)…

Enfin bref je ne vais pas vous faire un catalogue mais tout ca pour dire que (et c’est un compliment), c’est une exposition complète qui pose les bases du fichage policier, en partant du fameux Alphonse Bertillon qui crée sa méthode toujours en cours aujourd’hui, vous savez celle avec le fameux portrait face/profil que l’on retrouve toujours dans toute bonne (ou pas) série policière.

Coté mise en scène, on est de suite dans l’ambiance : fond noir, murs en verre dépoli, titres façon « tampons de dossier » (je sais ca fait bizarre mais j’ai pas trouvé mieux pour décrire). Pour revenir à notre sacré Bertillon, le début de l’exposition présente un studio de pose d’un poste de police du début du XXème siècle qui permet d’imaginer un peu l’ambiance de l’époque. On se croirait presque genre avec 3 flics en brassières et borsalino, cigarette au bec, prêts pour l’interrogatoire, comme à la vieille époque… 

Alors, passé l’interrogatoire, on erre de portrait en portrait, se riant de certains seulement pincés pour « exhibition » ou s’étonnant de la présence d’autres dont la seule faute (pour l’époque) était d’être homosexuel ou encore communiste. Oui c’est une exposition ludique mais qui évoque également les aspects plus durs et les conséquences d’un flicage et d’un fichage excessif qui mènera, on s’en doute, aux dérives de la Seconde Guerre Mondiale que l’on connait tous. Et c’est là que l’on prend toute la mesure d’une telle exposition qui nous met en face de notre propre Histoire. J’avoue que certaines pièces ne m’ont pas laissé indifférent, notamment les fiches de juifs déportés avec les empreintes digitales qui rendent, à mes yeux, leur présence encore plus forte, au-delà du portrait qui nous fixe. Et le sentiment s’inverse quand on se trouve face à la fiche d’un collaborateur, avec la trace de ses doigts et ce regard qui a peut-être envoyé des innocents où l’on sait… On retrouve également des renseignements secrets sur les « stars » de l’époque qui dérangeaient, comme par exemple Jean Cocteau dont la fiche est assez drôle à lire… A vous de voir.

Bon, après avoir plombé l’ambiance, je vous rassure, on ne sort pas en pleurant, mais bien au contraire avec beaucoup de choses en tête. Peut-être même trop car il faut dire qu’à vouloir tout aborder, passé la moitié de l’exposition, j’oserai dire trop de fiches tue la fiche ! En même temps, vous me direz ca s’appelle fichés donc au moins on est prévenu et c’est sans doute le prix à payer pour une exposition qui je pense veut couvrir absolument TOUS les aspects du sujet (bien aidée au passage par un très beau fond des Archives Nationales qu’il faut souligner).

Enfin l’essentiel c’est que l’on apprend des choses : on sourit, on s’interroge sur cette question du fichage qui me semble plus qu’actuelle. On passe donc un bon moment qui finit en apothéose avec une petite plongée au cœur de l’art du XVIIIème siècle français avec le passage obligé par le fameux salon ovale de l’hôtel de Soubise, chef d’œuvre de l’art rocaille (bon après on aime ou on n’aime pas !) et du peintre Charles-Joseph Natoire qui nous fait nous délecter (rien que ça) d’une très belle histoire peinte de Psyché.

Rien à voir donc avec l’exposition mais tant qu’on y est autant en profiter ! Et pour les mécontents, je leur dis fichés ? moi la paix ! (c’est ce qui s’appelle finir en beauté).

On a aimé :

-Le petit livret bien sympathique que l’on vous donne à l’entrée et qui est très complet avec les notices

-L’approche très pédagogique et documentée.

– La mise en scène

On a moins aimé :

-L’excès des documents présentés pas forcément toujours nécessaires.

-Encore et toujours les gens qui se croient au bistro du coin !

Une Réponse to “Fichés : La parano s’invite aux Archives Nationales !”

  1. Paul 15 décembre 2011 à 20:51 #

    Et les corses ? Ils sont fichés « terroristes » ?

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